Articles de kleiberpat

  • "La matriarche" - Fiction africaine

     

    LA MATRIARCHE - FICTION AFRICAINE

     

    Matriarche

     

    La matriarche avance d’un pas indolent dans le bush, ouvrant la voie à la femme qui la suit.

    La vieille éléphante est lourde et altière. On l’appelle "matriarche", parce qu’elle a beaucoup vécu et conduit de troupeaux à travers la région. Elle a survécu à tout: les famines, les sècheresses, le cruel manque d’eau. Pour les éléphants, l’eau est non seulement un besoin essentiel, mais une bénédiction. Le rituel du bain est irrésistible, pour leur survie et leur plaisir. Le plaisir du jeu, le plaisir de se rouler avec délectation dans la boue, de s’en gorger, s’en barbouiller de leur trompe, puis se replonger dans l’eau avec délice.

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  • "La rosière et le menhir" - Fiction

     

    LA ROSIÈRE ET LE MENHIR - FICTION

     

    "Je me sens si fragile, je ne suis qu’un de ces frêles roseaux qui penchent la tête vers la rivière, dit-elle.

    - Et moi, je suis dur et inflexible, une pierre érigée en cette terre depuis des siècles, répondit-il.

    - Peut-être y a-t-il en moi tout de même  un peu de force?

    - Et en moi un peu de douceur et d’abandon?

    - Comment savoir? N’aimerais-tu pas, toi…

    - Si, la coupa-t-il sèchement, j’aimerais parfois être roseau, flexible, souple, me livrant au vent et aux caprices de la nature, mais je ne sais pas ce que c’est.

    - Tout comme j’ignore tout de la pierre dure qui jamais ne casse, jamais ne se brise, indéracinable…

    - Toi aussi, tu l’es à ta manière, indéracinable! l’interrompit-il brusquement.

    - Peut-être, répondit-elle vaguement, mais n’oublie pas que l’on a taillé tant de flûtes dans mes rameaux que j’ai l’impression d’avoir voyagé dans le vaste monde et qu’une parcelle de moi réside partout.

    - Oui, maugréa-t-il maussade, alors qu’on n’a pas voulu de moi: je ne suis pas taillable! ont-ils prétendu.

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  • "La caméléone" - Fiction

     

    LA CAMÉLÉONE - FICTION

    Il était une caméléone verte aux yeux globuleux rouges. Elle vivait toute seule et, comme ses semblables, avançait lentement, à un rythme régulier: un pas en avant, deux pas en arrière. Malgré sa lenteur, elle avait de la grâce et, sans le savoir, dansait. Ce qui ne l’empêchait pas de s’attrister.

    La pauvre caméléone avait oublié combien elle était habile à endosser les couleurs de la nature, à s’y dissimuler grâce à sa merveilleuse faculté d’invisibilité. Elle avait oublié combien son corps, quoique ingrat en apparence, pouvait être agile, souple, plein de joliesse. Elle ne voyait plus qu’une chose: sa lenteur qui lui était devenue pesanteur, une infirmité misérable. A tel point qu’elle désespérait de pouvoir continuer de vivre ainsi.

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  • "L'arbre-cerf" - Fiction

     

    L’ARBRE-CERF - FICTION

    Il était là depuis si longtemps qu’il ne se souvenait plus de la date de son arrivée.

    "Une éternité! se dit-il. Je l’ai bien mérité, ce sanatorium, je n’ai pas été capable de faire attention, de prendre soin de moi et de mes poumons. Au fond, je me déteste..."

     

    Montagne magique-Thomas Mann

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  • "L'initiatrice" - Fiction

     

    L’INITIATRICE - FICTION

    C’était un jardin regorgeant de plantes variées, d’arbres fruitiers et de fleurs. Au milieu, dans un bassin, évoluait un poisson. Il était l’unique poisson du bassin qu’il partageait avec des grenouilles, des crapauds, des têtards et mille libellules s’ébattant à sa surface. C’était un poisson hors du commun, de la taille d’un chat, aux écailles dorées, et sa tête et ses yeux recelaient parfois d’humaines expressions.

     

    Femme au poisson-Christian Schloe

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  • "L'homme occupé et la rose" - Fiction

     

    L’HOMME OCCUPÉ ET LA ROSE - FICTION

    Ceci est l’histoire d’un homme occupé.

    Occupé par un travail acharné, des activités à n’en plus finir, une multitude de personnes qui le harcèlent et le sollicitent en permanence, membres de sa famille, collègues de travail, connaissances, amis.

    Si occupé que la vie l’avait effleuré sans le toucher, sans le marquer, sans le transformer. Une épaisse carapace s’était formée autour de lui et parfois, elle était un peu douloureuse. Mais il n’en avait cure.

    Le temps passait, filait et le dépassait à grande vitesse. Et lui aussi passait, filait et se laissait dépasser par le temps qu’il tentait en vain de rattraper.

    On le voyait se précipiter d’un endroit à l’autre, d’une activité à l’autre, d’une personne à l’autre, et même lorsqu’il lui arrivait de se divertir, son meilleur ennemi, le temps, ne lui laissait aucun répit.

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