Destin de femme: Féminin négligé et outragé - "La belle au bois dormant"
- Par kleiberpat
- Le 02/04/2020
- Dans Que nous révèlent les contes et mythes?
ÉLÉMENTS D'ANALYSE DE "LA BELLE AU BOIS DORMANT" (conte de Grimm)
Il y a très longtemps un roi et une reine s’alanguissaient de n’avoir pas d’enfant. Chaque jour ils se lamentaient: "Si nous pouvions avoir un enfant!" C’était en vain.
Un jour cependant, alors que la reine était allongée dans son bain, une Grenouille croassa dans la prairie et lui parla ainsi: "Ton voeu sera exaucé, l’an à venir tu mettras au monde une fille."
Le conte de "La Belle au bois dormant" pose essentiellement le problème de la FEMME DANS NOTRE CIVILISATION et de la manière dont elle est considérée.
Ce conte a circulé des siècles durant, puis a disparu durant une longue période. Ce sont les frères Grimm qui l’ont retrouvé en Allemagne.
Il a inspiré de nombreux écrivains et poètes, dans la mesure où la femme plongée dans le sommeil représente le féminin du poète, sa muse, son inspiratrice, dans ce mouvement cyclique du sommeil à l’éveil qui équivaut à celui de la création.
La version des frères Grimm s’appelle "Dorn Röschen" ("petite rose épineuse"). Comme dans de nombreux contes, le désir d’avoir un enfant est fort. Et sa naissance est précédée d’une longue période de stérilité, de gestation, d’attente douloureuse.
Elle correspond à la période de créativité, souvent précédée d’une période de dépression, d’inertie, d’apathie, d’ennui. À l’issue de cette attente survient une naissance surnaturelle et quasi miraculeuse.
Psychologiquement, une telle naissance annonce des éléments psychiques eux aussi surnaturels et irrationnels.
Annonce de la naissance
C’est une GRENOUILLE qui annonce à la reine la bonne nouvelle, la naissance d’une fille: la mère n’a rien à faire dans ce processus, si ce n’est d’attendre la naissance de la princesse.
Chez les peuples anciens, la grenouille était utilisée pour des sortilèges amoureux: ses os étaient des amulettes; elle figurait dans des prescriptions pour la fécondité et la sexualité. La grenouille est donc un animal "maternel" en relation avec l’enfantement, qui aide les femmes enceintes et représente l’utérus.
Pour JUNG, la grenouille est une "tentative" de la nature animale de créer l’homme, en raison de sa ressemblance avec le corps humain. Les petites pattes de la grenouille ressemblent aux mains de l’humain, et l’on appelle souvent un enfant "petite grenouille" ou "petit crapaud".
Dans les contes, la grenouille ou le crapaud est en général un prince ou une princesse enchanté ou métamorphosé par une malédiction. Ce sont des "animaux sorciers", et le crapaud est en outre venimeux.
Les fées au banquet
La prédiction de la Grenouille se réalisa et la reine mit au monde une fille si belle que le roi en fut rempli de joie et fit donner une grande fête. Il n’invita pas seulement la famille, les amis, les connaissances mais toutes les femmes sages du royaume pour qu’elles se montrent favorables et bienveillantes pour l’enfant.
Il y en avait treize dans le royaume. Mais, comme il n’y avait que douze assiette en or pour leur repas, l’une des femmes devait rester chez elle. La fête fut fastueuse et lorsqu’elle se termina, les fées offrirent leurs merveilleuses offrandes: une lui offrit la Vertu, une autre la Beauté, la troisième la Richesse et tout ce qui peut se souhaiter dans ce monde.
Lorsque la onzième eut prononcé son offrande, entra brusquement la treizième. Elle voulait se venger de n’avoir pas été invitée, et sans saluer ni regarder personne, elle prononça d’une voix puissante: "La fille du roi se piquera avec un fuseau lorsqu’elle aura 15 ans et en tombera morte." Et sans un mot de plus, elle quitta la salle.
Dans la consternation générale, la douzième fée, qui n’avait toujours pas prononcé son offrande, s’approcha et, désireuse d’atténuer le mauvais sort qu’elle ne pouvait lever, dit: "Elle ne mourra pas mais sera plongée dans un profond sommeil durant cent années."
La fée exclue
Le roi organise une grande fête à laquelle il convie les femmes les plus importantes du royaume. En général, l’enfant est béni par des figures maternelles, des marraines ou des fées. Ces femmes sont des "vieilles sages" ou "sages-femmes" qui ont de l’expérience. Elles sont également des guérisseuses qui président aux accouchements. Le mot utilisé par Grimm est "Weise Frau", qui signifie à la fois "sage-femme" et "femme sage".
Mais, l’une d’elle est négligée. Le thème de la "fée oubliée" remonte aux mythes antiques: dans un récit du 14è siècle, appelé "Perceforest", les femmes qui se penchent sur le berceau sont Lucina, Thémis et Vénus, 3 déesses de l’Antiquité.
La fée oubliée ou exclue jette une malédiction à l’enfant. Ici, la fée annonce la mort de la fillette à 15 ans, piquée par un fuseau.
Le nombre des fées varie d’une version à l’autre: chez Grimm, il y a 13 fées et c’est la 13è qui est oubliée pour une raison tout à fait prosaïque: le manque de vaisselle. Il y a sans doute un lien avec le nombre 13, censé porter malheur - "il ne faut jamais être 13 à table". Dans de nombreuses versions, il n’y a que 3 fées.
La fée est une figure surnaturelle et divine: il ne faut donc pas la négliger ou l’oublier. L’oubli ou la négligence du dieu ou de la déesse est un thème archétypique que l’on rencontre dans de nombreux mythes.
Les DIEUX sont des CONTENUS ARCHÉTYPIQUES de notre inconscient collectif, donc communs à tous les humains. Ils sont les plus puissants, en raison de leur dimension sacrée, numineuse, transcendante. Ils jalonnent toute l’histoire de l’humanité et sont présents dans toutes les civilisations et à toutes les époques.
L’ancienne Grande Déesse ou déesse-mère a subi le même sort que la fée négligée et oubliée: même si son refoulement était nécessaire à l'évolution du christianisme et de la conscience collective, nous constatons actuellement que ce processus a eu des conséquences négatives.
En Occident particulièrement, le masculin s’est développé unilatéralement au détriment du féminin.
Cette négation du féminin est un processus global et pour l’infléchir, il serait nécessaire de tout changer, de tout reconstruire, et de réintégrer le féminin dans sa totalité, avec ses valeurs et son essence. Cela n’a pas encore été réalisé dans notre civilisation, où le féminin n’est toujours pas à sa juste place, ce qui créé un déséquilibre dommageable et nuisible à la fois pour les femmes et les hommes.
Le féminin blessé
La fée négligée du conte personnifie donc le FEMININ BLESSÉ qui est voué à l’amertume: le lait maternel nourrissant "tourne" et devient aigre, et la terre-mère est de moins en moins fertile et apte à nous nourrir.
Psychologiquement, de nombreuses femmes ont du mal à surmonter leurs blessures affectives. Le SENTIMENT étant un aspect fondamental du féminin, s’il est blessé, il éveille chez la femme le masculin négatif qui prend la forme d’amertume, de vengeance, de ressentiment, d’agressivité, de violence…
Si la femme parvient à comprendre à quel moment cela a débuté en elle, elle peut interrompre cette possession par les affects négatifs de son masculin. Mais si elle n’en est pas consciente, elle va multiplier les plaintes, les reproches, les scènes de ménage et rendre les coups reçus. Cela exaspère les hommes et les fait fuir, car ils se sentent culpabilisés. Mais les hommes conscients savent que ces reproches sont un appel au sentiment, un appel à l’amour…
Les femmes qui ont un COMPLEXE-MATERNEL NÉGATIF, c’est-à-dire une mauvaise relation avec leur mère, ont une tendance accrue à réagir de la sorte: elles ont davantage besoin d’attention et de la chaleur qu’elles n’ont pas reçue de leur mère, et elles sont donc plus sensibles et susceptibles, ayant l’impression d’être rejetées, abandonnées, négligées…
Ces femmes sont semblables à la déesse outragée.
Le féminin réprimé
On peut se demander quel aspect de la déesse a été nié et étouffé par notre civilisation. Il est possible que ce soit la SEXUALITÉ. En effet, l’Église considère depuis toujours la sexualité, particulièrement la sexualité féminine, comme dangereuse et nuisible aux couples, et ne l’a admise que dans le cadre du mariage.
Ce fut une grande erreur de réprimer un instinct aussi important, d’autant plus que la morale sexuelle n’a jamais été respectée par les êtres humains. Aussi, cette répression n’a eu pour effet que de les pervertir, les culpabiliser, ou de leur faire mener une double vie, en dissociant par exemple l’épouse et la maîtresse. Ce problème demeure toujours actuel, en dépit de la liberté des moeurs, car nous nous sommes enlisés dans des schémas ataviques où la femme est soit mère/épouse, soit maîtresse/prostituée…
En négligeant ce besoin ou instinct vital, on a ignoré cet aspect de la déesse et du féminin qui concerne toutes les femmes. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la chasteté totale pose plus de problèmes aux femmes qu’aux hommes, car la femme a davantage besoin d’affection, de tendresse que l’homme, qui se réfugie plus facilement dans son monde intellectuel et mental.
Les femmes - ou le féminin - ont plus de difficulté à se soumettre aux contraintes, à la discipline: elles sont plus rétives, car elles ont grand besoin d’être naturelles et de vivre selon leur nature profonde. Elles aspirent plus à la plénitude qu’à la perfection (qui est d’ordre masculin), elles supportent moins la "compartimentation" qui consiste à cloisonner les éléments de sa vie et à les ranger dans des cases séparées.
Symboliquement, le soleil masculin se lève régulièrement et est stable, alors que la lune féminine qui obéit à des cycles et des rythmes, est changeante et instable.
Dans une société consciente et mature, on devrait tenir compte de ces besoins et de ce mode de fonctionnement du féminin. Malheureusement, dans notre société, les femmes elles-mêmes ont tendance à négliger leurs besoins propres, ce qui a des conséquences ravageuses sur leur nature. Il ne s’agit bien sûr pas de revenir en arrière, mais de créer une société où la femme puisse travailler et vivre dans le respect de sa nature véritable et profonde.
Réalisation de la malédiction
Le roi, qui voulait protéger sa chère enfant, fit promulguer un décret par lequel tous les fuseaux de son royaume devaient être brûlés.
Les dons des fées furent pleinement exaucés, car la princesse était si belle, modeste, bonne et pleine de bon sens que tous lui témoignaient beaucoup d’amour.
Arriva le jour de ses quinze ans: il se trouva que le roi et la reine s’absentèrent du château où la princesse resta seule. Elle alla çà et là, visitant les chambres, les galeries et les salons selon sa fantaisie. Sa promenade la conduisit dans une très vieille tour. Elle monta les marches en colimaçon et arriva devant une petite porte. Dans la serrure, il y avait une vieille clef rouillée et lorsqu’elle la tourna, la porte s’ouvrit sur une vieille femme assise dans une pièce minuscule qui filait avec application son lin.
"Bonjour, petite grand-mère, dit la fille du roi, que fais-tu là? - Je file, dit la vieille et elle hocha la tête. - Qu’est-ce que cette chose qui sautille joyeusement?" questionna la fillette qui prit le fuseau et voulut aussi filer.
Mais à peine eut-elle touché le fuseau que le sort s’accomplit, et elle se piqua le doigt. Dans l’instant où elle ressentit la piqûre, elle tomba sur le lit qui se trouvait là et plongea dans un profond sommeil. Et ce sommeil se répandit sur tout le château: le roi et la reine qui venaient d’y revenir entrèrent dans la grande salle et sombrèrent aussi dans le sommeil et toute la cour avec eux.
Le fuseau
Le jour de ses 15 ans, par une étrange coïncidence, le roi et la reine s’absentent et ne protègent pas leur fille. Cela est vraiment un terrible acte manqué. On peut en déduire que les parents, pourtant avertis, sont irresponsables et inconscients.
La princesse en profite pour visiter le château et découvre la vieille fileuse de lin et son fuseau dans une tour. Elle se fait piquer et la malédiction se réalise.
En réalité, la vieille fileuse est liée à la fée qui a jeté la malédiction: elle figure le côté obscur du féminin, la mère nature qui a été négligée dans notre civilisation, et qu’on retrouve dans l’inconscient de chaque femme.
Le fuseau est un symbole à la fois féminin et masculin/phallique: dans l’Allemagne médiévale, on parlait de la "parenté de fuseau" pour désigner la famille maternelle. Le fuseau est aussi le symbole des vieilles femmes sages et des sorcières.
Le lin filé est lié aux activités féminines: le lin était planté par les femmes, et dans de nombreux pays, les femmes exposaient leurs organes génitaux au lin qui croissait en disant Je te "prie de pousser aussi haut que se trouve mon sexe maintenant".
Semer, filer et tisser du lin sont donc liés au féminin, qui implique la sexualité et la fertilité.
Le fuseau est également phallique: il est lié aux aiguilles ou épines que les magiciens et les sorciers piquent dans la tête de leur victime, dans l’œil, derrière l’oreille ou dans le doigt… ce qui provoque l’endormissement ou la mort.
Psychologiquement, une parole piquante peut blesser, voire même tuer: la parole piquante, mordante, exprime l’agressivité de la femme. Elle est caractéristique des femmes qui assènent des paroles "assassines", douces et pointues comme une aiguille. Elle touchent ainsi le point faible de l’autre, son complexe principal.
Le fuseau est particulièrement dangereux quand on le tourne contre soi-même: il devient auto-destructeur. Il s’agit de tous les jugements ou idées auto-destructeurs qui viennent souvent de l’enfance et n’ont jamais été remis en question. Les femmes qui les subissent perdent leur créativité, leur confiance en elles, et s’endorment, comme la Belle au bois dormant…
Ces femmes semblent vivre en léthargie, n’avoir aucune chance dans la vie, et elles n’en sont pas conscientes. C’est comme si elles avaient été ensorcelées ou frappées d’une malédiction à un âge où elles ne pouvaient pas s’en rendre compte. Et elles se retrouvent un jour dans une situation sans issue: elles sont en proie à un complexe-mère négatif.
La vieille fileuse du conte est une sorte de mère ou de grand-mère dont le fuseau représente le masculin négatif qui se transmet à la princesse.
Le long sommeil
C’est ainsi que la princesse est victime de la malédiction de la fée dont les sentiments ont été blessés. Et elle sombre dans un profond sommeil de 100 ans. En même temps, un LONG SOMMEIL s’abat sur tout le château et ses occupants.
Il s’agit d’un MOTIF UNIVERSEL. L’endormissement remonte à une époque très ancienne et on le trouve notamment chez le tragédien ESCHYLE: dans sa tragédie "Eetnae", Telia, une déesse de la beauté, aimée par Zeus, doit être dissimulée sous terre jusqu’à la naissance de ses fils.
On le trouve également dans des histoires d’ermites qui ont dormi ou sont restés en extase pendant 100 ans dans des légendes antiques, chrétiennes et médiévales (légende des 7 dormants d’Ephèse), dans des récits de Chrétien de Troyes ou de Marie de France parlant d’une héroïne endormie…
Le LONG SOMMEIL équivaut à la MORT: dans l’antiquité grecque, le sommeil et la mort étaient des frères divins, Hypnos et Thanatos. Thanatos symbolisant la mort et Hypnos le songe, la nuit.
Psychologiquement, être endormi signifie que quelque chose a été refoulé et n’existe plus consciemment. En effet, les multiples versions de ce conte ne varient pas et le motif principal reste toujours le même car il représente un processus psychologique commun à tous les êtres humains. La mort et la renaissance, le sommeil et le réveil.
Le château de la Belle Dormante
Les chevaux, les chiens, les colombes sur le toit, les mouches sur le mur, le feu qui flambait dans l’âtre, tout devint tranquille et s’endormit. Le rôti cessa de brunir et le cuisinier et son apprenti farceur s’endormirent aussi. Même le vent se calma et dans les arbres auprès du château, plus une feuille ne bougeait.
Autour du château, une haie d’aubépines commença à croître qui, chaque année, devenant de plus en plus haute et entourant tout le château, si bien que l’on ne pouvait plus rien en voir, pas même l’oriflamme qui flottait sur le toit.
Alors, il courut dans le pays la légende de la belle Fleur-d’Epine endormie, car c’est ainsi que fut nommée la fille du roi, si bien que tous les fils de roi se rendaient dans le royaume pour forcer un passage à travers la haie vive. Mais c’était impossible car les épines étaient comme des bras qui se tenaient fortement ensemble, et les jouvenceaux y restaient accrochés sans pouvoir s’en défaire et finissaient par mourir d’une fin atroce.
La justice immanente
La malédiction de la fée représente une VENGEANCE FÉMININE différente de la vengeance masculine. L’homme règle les problèmes de justice en promulguant des lois, en légiférant, en élaborant des jugements et des punitions. Nos lois sont fondées sur le code romain et les valeurs patriarcales, où l’exception et la compassion relevant du féminin n’existent pas. Les lois viennent du vieux modèle patriarcal où le père punit et exige le travail et l’effort et où la mère est indulgente.
Même s’il n’est plus appliqué strictement, ce modèle existe toujours dans notre monde masculin où tout le monde subit les mêmes peines pour une même faute: il n’y a pas d’exception, on ne tient pas compte de l’être humain dans son individualité. Il est nécessaire d’avoir une justice et des lois, mais les hommes ont créé une justice unilatérale fondée sur des statistiques, où les humains sont considérés comme des numéros et des objets. Or, les statistiques ne peuvent pas régler le problème du mal et à trouver la manière juste et efficiente de lutter contre celui-ci.
À l’opposé, dans la mythologie et le monde archétypique, il existe une justice féminine naturelle, un principe de vengeance et un châtiment naturels. Par exemple, si je me nourris mal ou si je bois trop, je vais avoir des problèmes de santé: c’est une conséquence naturelle de mon attitude qui ne dépend pas des décisions et des lois humaines.
Il s’agit d’une justice immanente, naturelle, mystérieuse, qui vaut également sur le plan psychologique. Si on a une attitude fausse dans la vie, elle peut être "punie" même si on n’enfreint aucune loi. La destinée, les accidents, les maladies graves, les faillites relèvent parfois d’une telle justice.
Mais il ne faut pas généraliser et considérer que toutes les personnes qui ont des problèmes ont eu une attitude fausse: certains êtres humains subissent également des problèmes collectifs, sociaux, politiques… dont ils ne sont pas responsables. De surcroît, même si on a eu une attitude fausse, il ne faut pas se culpabiliser à outrance, car "l'erreur est humaine" et il nous arrive à tous de nous tromper et d’avoir des attitudes non adéquates.
Il existe dans toutes les mythologies une déesse de la justice: Thémis ou Némésis est la déesse de la vengeance dans la mythologie grecque; dans la kabbale juive, la justice est à gauche de l’arbre des 10 Séphiroth, du côté féminin, et est donc féminine…
Les effets de la justice naturelle ou immanente sont puissants à notre époque: ils concernent les problèmes innombrables issus des progrès techniques, technologiques, scientifiques. Le surpeuplement, l’exploitation abusive des ressources naturelles de plus en plus limitées, la destruction de la nature, de la terre, des océans, des espèces, de l’éco-système…
Le réveil de la Belle
De longues années plus tard, vint un fils de roi qui entendit un vieil homme raconter l’histoire de la haie d’aubépine derrière laquelle se trouvait un château. Dans celui-ci, une splendide fille de roi appelée la belle Fleur-d’Epine y sommeillait depuis cent ans ainsi que le roi, la reine et toute la cour. Le vieil homme tenait de son grand-père que de nombreux fils de roi étaient venus et avaient tenté de franchir la haie mais qu’ils y étaient restés accrochés pour mourir misérablement.
Alors le prince déclara: "Je ne crains rien, et je veux voir la belle Fleur-d’Epine." Le vieil homme voulut l’en dissuader mais le jeune homme ne voulut rien entendre.
Les cent années s’étaient écoulées et le jour était venu où Fleur-d’Epine devait se réveiller. Alors que le fils du roi s’approchait de la haie d’épines, de hautes et belles fleurs s’écartèrent pour le laisser passer sans le blesser et se refermaient de nouveau. Dans la cour du château, il vit les chevaux et les chiens de chasse allongés et endormis; sur le toit, les colombes étaient perchées la tête enfouie sous leur aile. Lorsqu’il pénétra dans la bâtisse, les mouches dormaient collées au mur, le cuisinier tendait encore le bras pour se saisir de l’apprenti et la servante était assise devant la poule noire qu’elle devait plumer.
Puis il alla dans la grande salle où toute la cour était allongée et endormie ; et sur le trône reposaient le roi et la reine. Il poursuivit son chemin, et enfin il monta dans la tour et ouvrit la porte de la petite pièce dans laquelle sommeillait la belle Fleur-d’Epine...
Elle était si belle qu’il ne pouvait en détourner les yeux: il se pencha et lui donna un baiser. Alors qu’il l’effleurait de ses lèvres, la princesse battit des paupières, se réveilla et le regarda tendrement. Puis ils descendirent ensemble, le roi se réveilla, la reine et toute la cour avec et se regardèrent en ouvrant de grands yeux.
Dénouement
Les chevaux dans la cour se levèrent et ruèrent; les chiens de chasse sautèrent et remuèrent la queue; les colombes sur le toit sortirent la tête de dessous leur aile, regardèrent ça et là puis s’envolèrent vers les champs; les mouches sur le mur bourdonnèrent à nouveau; le feu dans l’âtre crépita et reprit sa cuisson; le cuisinier envoya une taloche à son apprenti; et la servante finit de plumer la poule.
Alors, les noces du prince avec la princesse furent célébrées avec faste et ils vécurent heureux jusqu’à leurs derniers jours.
La situation se dénoue au bout de 100 ans: la malédiction est naturellement achevée et le prince peut délivrer facilement la princesse.
Le prince arrive au moment juste: il n’a donc aucun mérite à cette libération. Mais, comme il agit au moment propice, cela signifie qu’il est assez mûr pour faire ce qu’il faut au bon moment.
Quelqu’un qui agit ainsi a acquis un certain équilibre, une certaine sagesse: il est centré et agit en accord avec les événements extérieurs et intérieurs. Il ne force pas la haie d’épines par volontarisme, par décision du MOI, mais il attend le moment juste, il attend que cela vienne du plus profond de lui-même.
Quand une situation dépend du féminin, que ce soit le féminin de la femme ou le féminin chez l’homme ("anima" selon Jung), le TEMPS est un ÉLÉMENT ESSENTIEL. La PATIENCE seule peut aider: il faut attendre le moment où la situation peut se dénouer.
La princesse doit simplement attendre et patienter, avoir une attitude passive, ce qui est très difficile car on a toujours envie d’agir et de "faire quelque chose". Alors, lorsque le moment est venu de se réveiller, le problème se résout et la situation se dénoue sans problème.
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