Articles de kleiberpat

  • Enigme du couple: Reconnaître l'homme maudit - "La belle et la bête"

    Femme sculpture bête dans nuit

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "LA BELLE ET LA BÊTE" (d’après le conte de Mme de Villeneuve)

     

    La "Belle et la Bête" illustre remarquablement la rencontre avec l’autre, l’altérité, la différence, ainsi que la rédemption mutuelle du couple, après une longue maturation de l’un et de l’autre. La Belle et la Bête ont des problèmes similaires qu’ils doivent conscientiser et assumer avant de pouvoir s’unir. C’est pourquoi ils ont besoin l’un de l’autre.

    La version de Mme de Villeneuve, publiée en 1740, est la plus complète, la plus passionnante et la plus riche, car elle raconte l’enfance de la Bête avec discernement et justesse. Elle élabore une origine psychologiquement cohérente de la malédiction de la Bête. 

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  • Enigme du couple: Libération de l'homme-lion - "L'alouette chanteuse et sauteuse"

    Femme et colombe dans l'obscurité

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "L’ALOUETTE CHANTEUSE ET SAUTEUSE" (conte de Grimm)

     

    Il existe de nombreuses variantes plus ou moins complexes et originales du conte "La belle et la bête": celui-ci en est une. 

    La rencontre entre des couples opposés comme "la belle" et "la bête" est un thème universel, remontant à la mythologie antique.

    Ces contes posent le problème du couple et de l’union entre le féminin et le masculin. Mais contrairement à la "Belle" de la version classique de base qui se contente d’accepter la "Bête" de manière passive, les femmes des autres versions sont plus actives et combattives, ayant déjà intégré un masculin positif. 

    Cela leur permet d’aider l’homme animalisé à se libérer et à trouver son identité masculine perdue ou pervertie à la suite d’une malédiction. Elles sont pour l’homme des femmes-guides autonomes et libératrices.

    Précisons que chaque conte met en exergue une situation singulière: chaque solution, chaque parcours de délivrance et chaque dénouement y est unique.

    C’est cette singularité qui permet de déceler dans chaque conte une destinée propre, ou le symbole d’un être humain unique, avec sa psyché personnelle, ses problèmes, ses conflits, ses manques et son aspiration à se réaliser.

    Malgré leur essence archétypique et universelle, les contes nous révèlent le moyen de nous libérer et nous réaliser dans des circonstances particulières. Car ils constituent une sorte de réservoir infini où l’on peut puiser une intelligence profonde de la vie, la manière juste d’agir pour résoudre un problème ou affronter une épreuve précise. 

    Dans le conte "L’alouette chanteuse et sauteuse", la "Belle" ne doit pas se contenter d’accepter et d’aimer "la Bête" et de se détacher de son père. Elle doit de surcroît s’engager dans un chemin initiatique semé d’embûches pour retrouver l’homme qu’elle aime et le libérer définitivement, un chemin qui va la mener très loin et très haut.

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  • Destin masculin: Quête inachevée - "Perceval le Gallois" ou "Le conte du Graal"

    Chevalier agenouillé devant prêtre au Graal

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "PERCEVAL LE GALLOIS" ou "LE CONTE DU GRAAL" (conte de Chrétien de Troyes)

     

    Le mythe du Graal couvre deux à trois siècles après le premier millénaire. Il a débuté en Angleterre au 8è siècle, où l’on évoque un mystérieux roi Arthur. Malgré le christianisme florissant, le paganisme, avec ses archétypes et symboles, continue d’être vivant chez les Celtes, les Irlandais, les Anglais, les Bretons. Ces récits, christianisés pour être tolérés par l’Église officielle, étaient constitués, à l'arrière-plan, d’éléments "païens", ce qui en faisait la richesse et permettait à l’inconscient collectif et à l’âme d'être nourris. 

    Cette période est aussi marquée par un puissant désir d’intégrer le féminin. Dans l’idéal de la chevalerie et l’amour courtois, les hommes projettent leur féminin sur la Dame ou la Damoiselle pour laquelle ils se battent et qu’ils défendent. 

    Au 11è siècle particulièrement, l’âge d’or de la chevalerie et de l’amour courtois, les femmes étaient plus libres. C’est à cette époque qu’Héloïse et Abélard ont vécu leur grande passion. 

    Mais cet âge d’or a été suivi d’une période sombre, où le féminin a été rejeté et diabolisé, où l’on a instauré un ascétisme excessif et violent. De nombreuses femmes ont été chassées et brûlées comme sorcières, ainsi que les hommes qui adhéraient à des courants mystiques et ésotériques, qui étaient des résurgences de traditions antiques à la symbolique universelle. 

    Dans cette mythologie du Graal, on trouve de nombreux thèmes archétypiques: la relation père-fils, la relation du masculin et du féminin, l’identité masculine, la quête de son identité, de ses valeurs, de sa masculinité, celle du féminin… 

    Cette époque était également caractérisée par le passage du "père" au "fils", un fils plus évolué qui vient renouveler et transformer le père.

    Perceval se situe précisément "dans" ce passage: il doit partir en quête de l’origine du mal et du sens du Graal. Son parcours initiatique reste inachevé, ce qui fait son intérêt et le rend humain. 

    Cet inachèvement représente la situation collective de cette époque du Moyen-Âge. Avec l’apogée du christianisme, le 12è siècle est une période charnière qui a besoin d’être renouvelée, pour éviter la régression. Malheureusement, le renouvellement ne survient pas, et le mythe du Graal va s’achever et tomber dans l’oubli ou l’inconscient. 

    Le christianisme n’a pas compris combien le mythe était indispensable à la vie de l’âme.

    Jung en a redécouvert l’importance, disant: "Aucune science ne remplacera jamais le mythe qui est la révélation d’une vie divine de l’homme. Ce n’est pas nous qui créons le mythe, c’est lui qui nous parle comme "verbe de dieu".

    À l’heure actuelle, c’est ce qui manque cruellement à notre société et à notre psyché, et les appauvrit considérablement. Un mythe nouveau qui nourrisse l'âme, une quête du Graal ou quête du SOI, une valeur dominante spirituelle et non matérielle, qui redonne sens à la vie.

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  • Destin masculin: Rechercher son identité - "Le vilain petit canard"

    Cygne (Vilain petit canard)

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "VILAIN PETIT CANARD" (conte d’Andersen)

     

    Ce conte est un conte d’auteur et contient des éléments personnels. Mais le problème qu’il traite est universel, et il est possible de le considérer et l’interpréter sur un plan symbolique et psychologique.

    Tous les personnages sont représentés par des animaux, à l’exception de quelques figures humaines. Il est difficile de définir le genre du vilain petit canard, car il souffre d'un problème que partagent les femmes et les hommes. 

    Tous les oiseaux et volatiles qui jalonnent le conte ont une symbolique relativement proche: le canard, le canard sauvage, l’oie sauvage, le jars, mâle de l’oie, la poule et le cygne - et particulièrement le canard et le cygne.

    À l’origine, le canard est sauvage: il a été domestiqué par les Égyptiens en 1500 ans avant J.C. et est très important en Extrême Orient, notamment en Chine. Il y symbolise l’énergie vitale, ainsi que le mariage et le bonheur conjugal, car le mâle et la femelle nagent ensemble. 

    En français, il existe une expression péjorative, le "canard boiteux", qui date de la fin du 19è siècle. Elle est censée venir de l’anglais "a lame duck". Dans le monde de la finance et de la bourse, le "lame duck" est un vendeur de titres incapable de payer ses dettes, donc un spéculateur insolvable. Semblable à celle du canard, sa démarche est boiteuse. Mais en anglais, le mot "lame" n’a pas précisément le sens de "boiteux". Il signifie plutôt "canard blessé" et vient de la chasse aux canards sauvages prisée par la noblesse anglaise.

    Le canard est un oiseau très complet car il est en lien avec trois éléments: la terre, l’eau et l’air. Il marche, nage et vole.

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  • Destin masculin: Accomplir sa destinée - "Le secret du bain Bâdguerd"

    Couple persan dans pièce au clair de lune

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "SECRET DU BAIN BÂDGUERD" (conte persan)

     

    Ce conte appartient au cycle des aventures de Hâtim Tâi, très populaires en Iran.

    Hâtim Tâi était un Arabe originaire du Yémen: d’après la légende, il aurait vécu au 6è siècle, à une époque pré-islamique. Poète cultivé, courageux, généreux, au caractère noble et aristocratique, il est devenu le héros de ses contes.

    "Bâdguerd" veut dire "château du vent", c’est-à-dire "château du rien" dans le sens de l'expression "c’est du vent".

    Dans ce conte, le héros est un héros archétypique: il a une mission à remplir  et il va la remplir sans hésiter, sans tergiverser, au prix de sa vie.

    Il représente l’idéal chevaleresque et obéit à une voix qui le dépasse. Il va résoudre un problème complexe qui le mène vers la réalisation et l’unité de la personnalité - le SOI.

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  • Destin masculin: Une rencontre salutaire - "Le fils du roi et la fille du diable"

     

    Femme avec cheval blanc

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "FILS DU ROI ET DE LA FILLE DU DIABLE" (conte de Grimm)

     

    Il était une fois un roi qui, au cours d'une grande guerre, avait perdu toutes les batailles. Ses armées étaient anéanties et, de désespoir, il était sur le point de se suicider. 

    À cet instant, un homme se présenta devant lui et lui dit: "Je sais quel est ton chagrin, reprends courage, je t'aiderai à condition que tu me promettes "en noa Sîl" de ta maisonnée. D'ici trois fois sept ans, je reviendrai prendre mon dû."

     

    Homme sinistre

     

    Le roi ignorait ce dont il s’agissait et pensait que l'étranger parlait d'une corde neuve - "en noa Sîl" signifiant "une nouvelle âme" ou "une nouvelle corde". Aussi promit-il sans hésiter de payer un prix si modique. 

    Resté longtemps sans enfant, un fils lui était né pendant la longue guerre qu’il avait faite. Mais il ne le savait pas, au contraire de l'étranger qui en était averti, car il était le maître de tous les démons. 

    Dès que le roi lui eut donné sa promesse, il prit un fouet de fer à quatre queues et le fit claquer aux quatre vents. Puis il disparut.

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