Blog - Voyage au coeur de la psyché

BLOG DE VOYAGE AU COEUR DE LA PSYCHÉ

QUE NOUS RÉVÈLENT LES CONTES ET MYTHES?

 

Depuis une quinzaine d'années, j'anime des ateliers, stages et formations d'analyse de contes et mythes, inspirés par mes longues années d'étude de la "psychologie des profondeurs" de CG Jung et une analyse personnelle et didactique.

Dans ce BLOG, je publie une synthèse de 32 de ces analyses en suivant un plan simple: Destins de femmes - Le féminin divin et les antiques déesses-mères - Destins masculins - Le couple, archétype de l'union des contraires.

C'est ainsi que j'ai découvert l'importance primordiale et universelle des contes et mythes et de leurs contenus symboliques qui recèlent d’ineffables secrets intérieurs: nos instincts, pulsions et affects, nos schémas relationnels, nos ombres et lumières, joies et souffrances, épreuves et réalisations, notre relation au monde et à la nature...

Authentiques leçons de vie et de soin de notre être, les explorer demeure une inépuisable source d’enrichissement personnel, de connaissance et de plénitude.

[NB: Les articles de ce blog ne contiennent que des éléments importants de l'analyse approfondie, ainsi que certains fondements des processus psychologiques à l'oeuvre dans un conte ou mythe. Je vous prie de me contacter pour l'analyse complète.]

 

LA PSYCHÉ

♦ Le sens premier de "PSYCHÉ" est "ÂME": cette ineffable essence de notre être dans sa totalité - notre personnalité entière dans toute sa diversité, sa profondeur et ses contradictions.

♦ "PSYCHÉ" signifie également "PAPILLON" (une espèce de papillon): cet insecte enchanteur et charmant, léger comme une brise et fugace comme une étoile filante. 

♦ Enfin, "PSYCHÉ" signifie "MIROIR": le miroir qui reflète notre âme, le miroir qui nous réfléchit et réfléchit en nous, le miroir du monde qui nous entoure - l'infiniment petit qui reflète l'infiniment grand...

  • Destin masculin: Quête inachevée - "Perceval le Gallois" ou "Le conte du Graal"

    Chevalier agenouillé devant prêtre au Graal

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "PERCEVAL LE GALLOIS" ou "LE CONTE DU GRAAL" (conte de Chrétien de Troyes)

     

    Le mythe du Graal couvre deux à trois siècles après le premier millénaire. Il a débuté en Angleterre au 8è siècle, où l’on évoque un mystérieux roi Arthur. Malgré le christianisme florissant, le paganisme, avec ses archétypes et symboles, continue d’être vivant chez les Celtes, les Irlandais, les Anglais, les Bretons. Ces récits, christianisés pour être tolérés par l’Église officielle, étaient constitués, à l'arrière-plan, d’éléments "païens", ce qui en faisait la richesse et permettait à l’inconscient collectif et à l’âme d'être nourris. 

    Cette période est aussi marquée par un puissant désir d’intégrer le féminin. Dans l’idéal de la chevalerie et l’amour courtois, les hommes projettent leur féminin sur la Dame ou la Damoiselle pour laquelle ils se battent et qu’ils défendent. 

    Au 11è siècle particulièrement, l’âge d’or de la chevalerie et de l’amour courtois, les femmes étaient plus libres. C’est à cette époque qu’Héloïse et Abélard ont vécu leur grande passion. 

    Mais cet âge d’or a été suivi d’une période sombre, où le féminin a été rejeté et diabolisé, où l’on a instauré un ascétisme excessif et violent. De nombreuses femmes ont été chassées et brûlées comme sorcières, ainsi que les hommes qui adhéraient à des courants mystiques et ésotériques, qui étaient des résurgences de traditions antiques à la symbolique universelle. 

    Dans cette mythologie du Graal, on trouve de nombreux thèmes archétypiques: la relation père-fils, la relation du masculin et du féminin, l’identité masculine, la quête de son identité, de ses valeurs, de sa masculinité, celle du féminin… 

    Cette époque était également caractérisée par le passage du "père" au "fils", un fils plus évolué qui vient renouveler et transformer le père.

    Perceval se situe précisément "dans" ce passage: il doit partir en quête de l’origine du mal et du sens du Graal. Son parcours initiatique reste inachevé, ce qui fait son intérêt et le rend humain. 

    Cet inachèvement représente la situation collective de cette époque du Moyen-Âge. Avec l’apogée du christianisme, le 12è siècle est une période charnière qui a besoin d’être renouvelée, pour éviter la régression. Malheureusement, le renouvellement ne survient pas, et le mythe du Graal va s’achever et tomber dans l’oubli ou l’inconscient. 

    Le christianisme n’a pas compris combien le mythe était indispensable à la vie de l’âme.

    Jung en a redécouvert l’importance, disant: "Aucune science ne remplacera jamais le mythe qui est la révélation d’une vie divine de l’homme. Ce n’est pas nous qui créons le mythe, c’est lui qui nous parle comme "verbe de dieu".

    À l’heure actuelle, c’est ce qui manque cruellement à notre société et à notre psyché, et les appauvrit considérablement. Un mythe nouveau qui nourrisse l'âme, une quête du Graal ou quête du SOI, une valeur dominante spirituelle et non matérielle, qui redonne sens à la vie.

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  • Destin masculin: Rechercher son identité - "Le vilain petit canard"

    Cygne (Vilain petit canard)

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "VILAIN PETIT CANARD" (conte d’Andersen)

     

    Ce conte est un conte d’auteur et contient des éléments personnels. Mais le problème qu’il traite est universel, et il est possible de le considérer et l’interpréter sur un plan symbolique et psychologique.

    Tous les personnages sont représentés par des animaux, à l’exception de quelques figures humaines. Il est difficile de définir le genre du vilain petit canard, car il souffre d'un problème que partagent les femmes et les hommes. 

    Tous les oiseaux et volatiles qui jalonnent le conte ont une symbolique relativement proche: le canard, le canard sauvage, l’oie sauvage, le jars, mâle de l’oie, la poule et le cygne - et particulièrement le canard et le cygne.

    À l’origine, le canard est sauvage: il a été domestiqué par les Égyptiens en 1500 ans avant J.C. et est très important en Extrême Orient, notamment en Chine. Il y symbolise l’énergie vitale, ainsi que le mariage et le bonheur conjugal, car le mâle et la femelle nagent ensemble. 

    En français, il existe une expression péjorative, le "canard boiteux", qui date de la fin du 19è siècle. Elle est censée venir de l’anglais "a lame duck". Dans le monde de la finance et de la bourse, le "lame duck" est un vendeur de titres incapable de payer ses dettes, donc un spéculateur insolvable. Semblable à celle du canard, sa démarche est boiteuse. Mais en anglais, le mot "lame" n’a pas précisément le sens de "boiteux". Il signifie plutôt "canard blessé" et vient de la chasse aux canards sauvages prisée par la noblesse anglaise.

    Le canard est un oiseau très complet car il est en lien avec trois éléments: la terre, l’eau et l’air. Il marche, nage et vole.

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  • Destin masculin: Accomplir sa destinée - "Le secret du bain Bâdguerd"

    Couple persan dans pièce au clair de lune

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "SECRET DU BAIN BÂDGUERD" (conte persan)

     

    Ce conte appartient au cycle des aventures de Hâtim Tâi, très populaires en Iran.

    Hâtim Tâi était un Arabe originaire du Yémen: d’après la légende, il aurait vécu au 6è siècle, à une époque pré-islamique. Poète cultivé, courageux, généreux, au caractère noble et aristocratique, il est devenu le héros de ses contes.

    "Bâdguerd" veut dire "château du vent", c’est-à-dire "château du rien" dans le sens de l'expression "c’est du vent".

    Dans ce conte, le héros est un héros archétypique: il a une mission à remplir  et il va la remplir sans hésiter, sans tergiverser, au prix de sa vie.

    Il représente l’idéal chevaleresque et obéit à une voix qui le dépasse. Il va résoudre un problème complexe qui le mène vers la réalisation et l’unité de la personnalité - le SOI.

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  • Destin masculin: Une rencontre salutaire - "Le fils du roi et la fille du diable"

     

    Femme avec cheval blanc

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "FILS DU ROI ET DE LA FILLE DU DIABLE" (conte de Grimm)

     

    Il était une fois un roi qui, au cours d'une grande guerre, avait perdu toutes les batailles. Ses armées étaient anéanties et, de désespoir, il était sur le point de se suicider. 

    À cet instant, un homme se présenta devant lui et lui dit: "Je sais quel est ton chagrin, reprends courage, je t'aiderai à condition que tu me promettes "en noa Sîl" de ta maisonnée. D'ici trois fois sept ans, je reviendrai prendre mon dû."

     

    Homme sinistre

     

    Le roi ignorait ce dont il s’agissait et pensait que l'étranger parlait d'une corde neuve - "en noa Sîl" signifiant "une nouvelle âme" ou "une nouvelle corde". Aussi promit-il sans hésiter de payer un prix si modique. 

    Resté longtemps sans enfant, un fils lui était né pendant la longue guerre qu’il avait faite. Mais il ne le savait pas, au contraire de l'étranger qui en était averti, car il était le maître de tous les démons. 

    Dès que le roi lui eut donné sa promesse, il prit un fouet de fer à quatre queues et le fit claquer aux quatre vents. Puis il disparut.

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  • Destin masculin: Apprivoiser et libérer la "mégère" - "La princesse noire"

    Femme noire et dorée

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "LA PRINCESSE NOIRE" (conte autrichien)

     

    Ce conte montre de manière simple et claire comment un homme peut être confronté à la violence du féminin, jusqu’à être menacé de mort.

    Ce conte est très marqué par le catholicisme, puisqu’il se passe entièrement dans une église. Dans le catholicisme, les aspects lumineux du féminin ont été projetés collectivement sur la Vierge Marie, et les aspects sombres ont été refoulés - bien qu'ils aient été "tolérés" sous la forme des vierges noires.

    Les contes compensent en général la conception reigieuse orthodoxe et conformiste, en mettant en scène l’aspect très obscur de la femme.

    La figure féminine y est souvent fille du diable ou en proie à un démon. Cela est dû au fait que, dans les pays chrétiens - et musulmans - il n’y a plus de déesse. L’ancienne déesse-mère est tombée dans l’oubli, dans l’inconscient, où elle est devenue menaçante et malfaisante. 

    Le culte de Marie est prédominant au 13è siècle: c'est l’époque où les hommes ont projeté leur féminin intérieur sur cette figure divine maternelle. Mais en même temps, ils ont cessé de la projeter sur des femmes individuelles, comme auparavant sur la "Dame" des chevaliers. 

    Ce conditionnement collectif n’a malheureusement pas aidé les hommes à accepter la femme dans sa totalité, avec ses aspects lumineux et obscurs.

    Dans ce conte, l’aide va provenir d’un vieil homme musicien, qui apprend au héros à lutter contre la femme destructrice, à la sauver et la racheter. 

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  • Destin masculin: En proie aux forces obscures - "Le prince Ring"

    Homme triste-Perugino

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "PRINCE RING" (conte norvégien)

     

    Le "Prince Ring" est un conte norvégien (11è-14è siècle).

    Le problème de L'OMBRE masculine y est posé de manière originale et intéressante, car le héros est confronté à la fois à une ombre positive et une ombre négative. 

    A priori, notre "ombre" nous paraît négative, inquiétante, destructrice. Nous oublions souvent qu’elle peut aussi contenir des richesses précieuses et utiles. 

    Lorsque l’on travaille à se connaître, on découvre d’abord son ombre qui correspond à notre inconscient personnel et ses contenus ignorés ou refoulés - tout ce qui réside "dans l’ombre".

    Une exploration plus approfondie de soi fait surgir des symboles, des figures, des personnifications de cette ombre, qui sont toujours du même sexe que nous. Pour un homme, elles sont masculines, pour une femme, féminines. 

    L’ombre est ce "double" intérieur auquel nous pouvons faire appel en cas de difficulté. C’est pour cela qu’il est important d’en prendre conscience. Car elle peut être négative et se retourner contre nous en cas de rejet, de refoulement, de négation. Mais si on l’accepte et si l’on parvient à l’apprivoiser et à en faire un ou une ami, elle peut être positive et devenir une force intérieure.

    Chez l’homme, l’ombre est souvent incarnée par un personnage qui l’accompagne, lui met des bâtons dans les roues, le met à l’épreuve pour le faire échouer… Elle peut aussi prendre une forme animale, sous la figure d'un animal secourable.

    Ces aspects obscurs de notre personnalité que nous craignons tant de découvrir en nous sont constitués d’éléments psychiques qui n'ont pas encore été vécus: des possibilités de vie, des potentialités, des talents ou facultés non développés, qui revêtent encore un aspect primitif car ils ne sont pas incarné.

    S’ils restent inconscients, ces contenus peuvent s’unir dans l'inconscient et former une sorte de personnalité autonome, avec des complexes qui nous font souffrir sans que l’on connaisse le sens de cette souffrance. D’où l’importance d’entrer en contact avec eux.

    L’ombre peut à l’évidence être collective. Dans ce cas, elle détruit les sociétés, crée des névroses et des psychoses collectives, des systèmes politiques décadents et négatifs, des dictatures, etc.

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  • Destin masculin: L'homme et son double - "Fernand-Loyal et Fernand-Déloyal"

    Jumeaux-Jules Breton

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "FERNAND-LOYAL ET FERNAND-DÉLOYAL" (conte de Grimm)

     

    "Fernand-Loyal et Fernand-Déloyal" développe avec finesse le motif des "deux compagnons de route" opposés - l’un loyal et l’autre déloyal. Ils représentent le conflit entre les opposés en soi, et posent donc le problème de l’ombre masculine.

    Ce thème très ancien est illustré par de multiples versions qui remontent à une histoire juive du 12è siècle. Un rabbin, Johannan, doit découvrir et ramener une fiancée au Roi Salomon. Le personnage déloyal n’est pas un homme, mais la femme du rabbin qui est cupide et sera tuée. Cette histoire existe dans tous les pays européens. 

    Universelle et archétypique, elle est toujours structurée de la même manière: l’homme loyal doit servir le roi et accomplir des exploits pour lui. Mais, il est sans cesse piégé et entravé par un personnage jaloux et déloyal. 

    Sur le plan psychologique, c’est ainsi que se manifeste l’ombre chez l’homme. Dans ce couple d’opposés, l’un est l’ombre de l’autre, qu’il soit positif ou négatif. 

    Si l’on est négatif consciemment, on porte la lumière dans son inconscient, même si elle n’est pas éveillée. Il existe des cas de conversion spectaculaire d’hommes qui ont mené une vie dissolue, destructrice ou criminelle et se sont transformés en saints. Ils ont intégré leur ombre et se sont ainsi unifiés, devenant eux-mêmes.

    La littérature est truffée de personnages de "doubles" qui représentent les deux aspects d’un homme: Don Quichotte et Sancho Pança, Don Juan et Sganarelle; dans l’Antiquité, les célèbres jumeaux Romulus et Rémus, fondateurs de Rome, Castor et Pollux, etc.

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  • Destin masculin: L'homme sauvage - "Jean-de-Fer"

    Homme de fer

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "JEAN-DE-FER" (conte de Grimm)

     

    Ce conte illustre le masculin sauvage, primitif, refoulé dans l'inconscient, que l’homme doit libérer et assimiler pour se réaliser.

    Il y a quelque chose d'agressif dans la psyché masculine: mais cette agressivité peut se transformer et devenir positive. Car elle est une énergie qui permet à l'homme de s’affirmer, d’être combattif, de dépasser les épreuves de sa vie, d’être créatif...

    La réalisation du masculin passe par l'intégration de l'agressivité. 

    À l’opposé, le refoulement de l'agressivité s'avère très négatif, car cette agressivité refoulée va inéluctablement se projeter sur une victime ou un bouc émissaire extérieur: une personne faible, une femme, une catégorie sociale, une minorité ethnique…

    Collectivement, cela produit des sociétés violentes, totalitaires, xénophobes, ou des sociétés qui accordent une importance excessive à la sexualité, car la sexualité et l’agressivité sont liées.  

    Le refoulement de l’agressivité vient du fait que l’on a peur d’elle: il est donc nécessaire de la reconnaître, d’entrer en contact avec elle et de l’accepter.

    C’est reconnaître et accepter l’homme sauvage en soi. Si l'on en fait l’expérience émotive et affective, notre conscience va évoluer et nous transformer.

    IL est donc fondamental que l’homme prenne contact avec le sauvage, le primitif, l’archaïque qu’il recèle en lui, c’est-à-dire son ombre.

    C’est l’unique voie vers la maîtrise de ces aspects obscurs. 

    En effet, il n’est possible de maîtriser que ce que nous connaissons, ce dont nous avons conscience. De même que le refoulement de nos pulsions et instincts négatifs mène à la violence.

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