Monde Imaginaire - Contes, Fictions et Rêveries

BLOG - MONDE IMAGINAIRE 

CONTES, FICTIONS ET RÊVERIES DE PATRICIA KLEIBER

 

Écrire des contes et des récits symboliques, c'est non seulement laisser son imaginaire s'épanouir, mais c'est aussi tracer un chemin pour permettre au monde infini que nous portons en nous - l'inconscient - d'émerger. C'est ouvrir la porte qui le clôt, en franchir le seuil et établir un lien vrai et juste avec lui. 

C'est donc entamer un voyage intérieur et faire oeuvre d'auto-guérison pour tenter de devenir soi-même.

(voir dans "l'agenda" les activités intégrant l'écriture).

  • Destin masculin: Quête inachevée - "Perceval le Gallois" ou "Le conte du Graal"

    Chevalier agenouillé devant prêtre au Graal

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "PERCEVAL LE GALLOIS" ou "LE CONTE DU GRAAL" (conte de Chrétien de Troyes)

     

    Le mythe du Graal couvre deux à trois siècles après le premier millénaire. Il a débuté en Angleterre au 8è siècle, où l’on évoque un mystérieux roi Arthur. Malgré le christianisme florissant, le paganisme, avec ses archétypes et symboles, continue d’être vivant chez les Celtes, les Irlandais, les Anglais, les Bretons. Ces récits, christianisés pour être tolérés par l’Église officielle, étaient constitués, à l'arrière-plan, d’éléments "païens", ce qui en faisait la richesse et permettait à l’inconscient collectif et à l’âme d'être nourris. 

    Cette période est aussi marquée par un puissant désir d’intégrer le féminin. Dans l’idéal de la chevalerie et l’amour courtois, les hommes projettent leur féminin sur la Dame ou la Damoiselle pour laquelle ils se battent et qu’ils défendent. 

    Au 11è siècle particulièrement, l’âge d’or de la chevalerie et de l’amour courtois, les femmes étaient plus libres. C’est à cette époque qu’Héloïse et Abélard ont vécu leur grande passion. 

    Mais cet âge d’or a été suivi d’une période sombre, où le féminin a été rejeté et diabolisé, où l’on a instauré un ascétisme excessif et violent. De nombreuses femmes ont été chassées et brûlées comme sorcières, ainsi que les hommes qui adhéraient à des courants mystiques et ésotériques, qui étaient des résurgences de traditions antiques à la symbolique universelle. 

    Dans cette mythologie du Graal, on trouve de nombreux thèmes archétypiques: la relation père-fils, la relation du masculin et du féminin, l’identité masculine, la quête de son identité, de ses valeurs, de sa masculinité, celle du féminin… 

    Cette époque était également caractérisée par le passage du "père" au "fils", un fils plus évolué qui vient renouveler et transformer le père.

    Perceval se situe précisément "dans" ce passage: il doit partir en quête de l’origine du mal et du sens du Graal. Son parcours initiatique reste inachevé, ce qui fait son intérêt et le rend humain. 

    Cet inachèvement représente la situation collective de cette époque du Moyen-Âge. Avec l’apogée du christianisme, le 12è siècle est une période charnière qui a besoin d’être renouvelée, pour éviter la régression. Malheureusement, le renouvellement ne survient pas, et le mythe du Graal va s’achever et tomber dans l’oubli ou l’inconscient. 

    Le christianisme n’a pas compris combien le mythe était indispensable à la vie de l’âme.

    Jung en a redécouvert l’importance, disant: "Aucune science ne remplacera jamais le mythe qui est la révélation d’une vie divine de l’homme. Ce n’est pas nous qui créons le mythe, c’est lui qui nous parle comme "verbe de dieu".

    À l’heure actuelle, c’est ce qui manque cruellement à notre société et à notre psyché, et les appauvrit considérablement. Un mythe nouveau qui nourrisse l'âme, une quête du Graal ou quête du SOI, une valeur dominante spirituelle et non matérielle, qui redonne sens à la vie.

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  • Destin masculin: Rechercher son identité - "Le vilain petit canard"

    Cygne (Vilain petit canard)

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "VILAIN PETIT CANARD" (conte d’Andersen)

     

    Ce conte est un conte d’auteur et contient des éléments personnels. Mais le problème qu’il traite est universel, et il est possible de le considérer et l’interpréter sur un plan symbolique et psychologique.

    Tous les personnages sont représentés par des animaux, à l’exception de quelques figures humaines. Il est difficile de définir le genre du vilain petit canard, car il souffre d'un problème que partagent les femmes et les hommes. 

    Tous les oiseaux et volatiles qui jalonnent le conte ont une symbolique relativement proche: le canard, le canard sauvage, l’oie sauvage, le jars, mâle de l’oie, la poule et le cygne - et particulièrement le canard et le cygne.

    À l’origine, le canard est sauvage: il a été domestiqué par les Égyptiens en 1500 ans avant J.C. et est très important en Extrême Orient, notamment en Chine. Il y symbolise l’énergie vitale, ainsi que le mariage et le bonheur conjugal, car le mâle et la femelle nagent ensemble. 

    En français, il existe une expression péjorative, le "canard boiteux", qui date de la fin du 19è siècle. Elle est censée venir de l’anglais "a lame duck". Dans le monde de la finance et de la bourse, le "lame duck" est un vendeur de titres incapable de payer ses dettes, donc un spéculateur insolvable. Semblable à celle du canard, sa démarche est boiteuse. Mais en anglais, le mot "lame" n’a pas précisément le sens de "boiteux". Il signifie plutôt "canard blessé" et vient de la chasse aux canards sauvages prisée par la noblesse anglaise.

    Le canard est un oiseau très complet car il est en lien avec trois éléments: la terre, l’eau et l’air. Il marche, nage et vole.

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  • Destin masculin: Accomplir sa destinée - "Le secret du bain Bâdguerd"

    Couple persan dans pièce au clair de lune

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "SECRET DU BAIN BÂDGUERD" (conte persan)

     

    Ce conte appartient au cycle des aventures de Hâtim Tâi, très populaires en Iran.

    Hâtim Tâi était un Arabe originaire du Yémen: d’après la légende, il aurait vécu au 6è siècle, à une époque pré-islamique. Poète cultivé, courageux, généreux, au caractère noble et aristocratique, il est devenu le héros de ses contes.

    "Bâdguerd" veut dire "château du vent", c’est-à-dire "château du rien" dans le sens de l'expression "c’est du vent".

    Dans ce conte, le héros est un héros archétypique: il a une mission à remplir  et il va la remplir sans hésiter, sans tergiverser, au prix de sa vie.

    Il représente l’idéal chevaleresque et obéit à une voix qui le dépasse. Il va résoudre un problème complexe qui le mène vers la réalisation et l’unité de la personnalité - le SOI.

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  • Destin masculin: Une rencontre salutaire - "Le fils du roi et la fille du diable"

     

    Femme avec cheval blanc

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DU "FILS DU ROI ET DE LA FILLE DU DIABLE" (conte de Grimm)

     

    Il était une fois un roi qui, au cours d'une grande guerre, avait perdu toutes les batailles. Ses armées étaient anéanties et, de désespoir, il était sur le point de se suicider. 

    À cet instant, un homme se présenta devant lui et lui dit: "Je sais quel est ton chagrin, reprends courage, je t'aiderai à condition que tu me promettes "en noa Sîl" de ta maisonnée. D'ici trois fois sept ans, je reviendrai prendre mon dû."

     

    Homme sinistre

     

    Le roi ignorait ce dont il s’agissait et pensait que l'étranger parlait d'une corde neuve - "en noa Sîl" signifiant "une nouvelle âme" ou "une nouvelle corde". Aussi promit-il sans hésiter de payer un prix si modique. 

    Resté longtemps sans enfant, un fils lui était né pendant la longue guerre qu’il avait faite. Mais il ne le savait pas, au contraire de l'étranger qui en était averti, car il était le maître de tous les démons. 

    Dès que le roi lui eut donné sa promesse, il prit un fouet de fer à quatre queues et le fit claquer aux quatre vents. Puis il disparut.

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