Au carrefour des sciences humaines - Sur les traces de CG Jung

AU CARREFOUR DES SCIENCES HUMAINES - SUR LES TRACES DE CG JUNG

 

Les remarquables découvertes, connaissances et idées de CG Jung sur l’humanité, la nature humaine, l’âme, la vie, la spiritualité, l’homme et la femme, l’homme et la nature… sont plus que jamais actuelles.

Aussi, nous leur dédions ce blog sous la forme de dialogues. Les trois premiers dialogues sont rédigés par Patricia Kleiber et Sophie Moreaux Carre, une philosophe jungienne. Dans certains articles, Patricia Kleiber dialogue simplement avec CG Jung. D'autres articles intégreront d'autres personnes.

Sous la forme d’un dialogue, il se veut un espace d’échanges authentiques sur les traces de CG Jung, cet inlassable chercheur de la vérité humaine qui s’est aventuré hors des sentiers battus et qui mérite qu’on lui redonne sa juste place dans notre monde et nos vies.

Ce cercle de réflexion est ouvert à ceux qui désirent partager leurs points de vue, perspectives et expériences humaines, et aspirent à se forger une conception du monde renouvelée.

  • "Pandore et le papillon" - Conte

     

    PANDORE ET LE PAPILLON - CONTE

    Le papillon affolé battait des ailes en direction du point lumineux, s’en approchant en cercles concentriques de plus en plus étroits. Il savait pourtant que la lumière était un feu ardent qui pouvait le griller jusqu’à la mort. Mais tout en le sachant, il ne pouvait résister à la puissante attraction qu’exerçait sur lui cet éclat aveuglant.

    "Arrête, n’y va pas, murmurait-on autour de lui, retourne dans l’ombre, tu es encore jeune, tu dois vivre! – Cessez d’implorer, répondait le papillon. La vie est si éphémère et cette lumière si éternelle."

    Il déploya alors ses ailes, à la fois dorées, argentées, rayées de rouge et de bleu, et s’envola à une vitesse vertigineuse. Le centre brillant s’approchait de lui. Il le distinguait de plus en plus nettement, ne voyant plus que lui. Autour, le monde était plongé dans l’obscurité, car il n’y avait pas de lune cette nuit-là.

    "Et pourtant, songea-t-il subitement, j’aimais ce monde dans la douce lueur du jour, alors que me voici dans la nuit noire. Mais cette lumière vive m’attire tant, elle est comme la promesse d’une perpétuelle jouissance. Je n’y peux rien, je vais mourir consumé..."

    Il se précipita dans la flamme qui l’aspira en un éclair. Il se sentit désintégré par sa chaleur intense, ses ailes fondaient et son corps allait subir le même sort. Néanmoins, il continuait à se sentir vivant. Etait-ce un leurre, une impression, un mensonge de ses semblables pour l’empêcher de faire cette singulière expérience? Il éprouvait un profond bien-être, comme s’il était irradié par une bénéfique tiédeur printanière. "Comme c’est bon, pensa-t- il, est-ce cela, la mort?"

     

    Papillon

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  • "Le prince dans sa tour d'ivoire" - Conte

    LE PRINCE DANS SA TOUR D’IVOIRE - CONTE

    Il était une fois une fée qui vivait dans le royaume des fées de l’air du temps, de la pluie, du vent, et de l’amour qu’elle portait à toutes les créatures du ciel et de la terre. C’était une fée bienfaisante, et elle avait été comblée de nombreux charmes et talents par le magicien son père, et père de toutes les fées de l’univers.

    Femme ailée au milieu d'arbres dorés

    Pourtant, malgré les dons variés dont elle était dotée, il lui manquait quelque chose: elle ne connaissait pas le monde des humains et n’avait encore jamais rencontré ce que l’on appelle dans le langage humain un homme. Or, cela était contraire à la destinée des fées qui, comme chacun sait, doivent remplir des missions auprès des humains et leur apporter aide et réconfort. Notre fée ne s’en plaignait pas; elle était bien trop éprise de solitude et de liberté, aimant à vagabonder dans le ciel - elle avait le pouvoir de se métamorphoser en oiseau d’un coup de baguette et de voler librement dans les airs - et sur la terre, à parler aux arbres et aux bêtes de la forêt qu’elle affectionnait particulièrement. Et elle se sentait si comblée qu’elle n’avait nulle envie de quitter ce royaume enchanteur où chaque instant lui réservait de nouveaux délices et des grâces infinies.

    Un jour cependant, alors qu’elle volait dans le ciel, un violent orage éclata et de puissantes rafales de vent l’éloignèrent de son royaume. Elle en fut si effrayée qu’elle craignit de perdre ses ailes et de mourir. Alors qu’elle se débattait au milieu d’éclairs menaçants, implorant en vain le magicien de la sauver, elle aperçut devant elle une drôle de tour très haute, tout en ivoire - elle n’avait encore jamais vu de tour d’ivoire - surplombée d’une terrasse où elle put atterrir sans trop de dommages.

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  • Enigme du couple: Union de contraires - "Les ailes du désir"

    La fusion

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DES "AILES DU DÉSIR" (d’après le film de Wim Wenders, inspiré par Peter Handke)

     

    Ce film illustre une remarquable union de contraires: celle d’un ange et d’une humaine, deux dimensions totalement opposées, la dimension humaine et la dimension divine. En général, c’est l’humain qui aspire à la spiritualité. Ici c’est le divin qui aspire à s’incarner et à s’humaniser. 

    Les courants philosophiques et spirituels des débuts du Christianisme considèrent que Dieu veut s’incarner dans l’être humain. Les mystiques aussi pensent que Dieu a besoin de l’homme et de sa conscience pour se manifester.

    En effet, Dieu n’a-t-il pas besoin que nous prenions conscience de lui pour être? 

    Dans ce film, l’ange veut devenir humain: il désire vivement se manifester, s’incarner dans la matière. Mais pour cela, il doit subir une profonde transformation.

    Ce film - de même que le poème de P. Handke qui l’a inspiré - est donc l’histoire d’une rencontre entre une femme incarnée et un ange désincarné: il se déroule à Berlin, lorsque la ville était divisée par le mur.

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  • Enigme du couple: Femme disparue à jamais - "La fée Mélusine"

    Couple autour de fontaine

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "LA FÉE MÉLUSINE" (conte français, d’après le roman de Jean d’Arras)

     

    La fée Mélusine est un conte qui appartient au folklore français. Il traite de la femme, de sa nature profonde, son ambivalence, ses mystères, et du regard masculin négatif qui peut avoir des conséquences néfastes pour elle. 

    La fée Mélusine est moitié humaine moitié animale: c’est une figure universelle et nombreuses sont les "Mélusines". La plus ancienne est indienne et s’appelle Urvaçi.

    Ce sont souvent des femmes-cygnes, des femmes-serpentes, des femmes-sirènes. À partir du 12è siècle, les "Mélusines" se multiplient en Occident et en France, notamment avec la légende du château de Lusignan dans le Poitou. Très souvent, une lignée noble se trouvait une "origine surnaturelle" pour asseoir sa légitimité et son pouvoir. 

    Paracelse, le célèbre médecin alchimiste, parle des "Mélusines" de manière très négative. Il prétend qu’elles ne peuvent être sauvées qu’en devenant des femmes "convenables et normales", c’est-à-dire en se mariant.

    Il partage la conception de la "femme convenable" exigée par la société patriarcale, qui a eu les effets que nous connaissons: exactions commises sur les femmes, "sorcières" brûlées...

    Le nom de "Mélusine"  est peut-être en lien avec la "mère Lusine" ou "mère Lucine", la Mater Lucina qui préside aux accouchement. "Lucine" fait se lever le jour et la lumière. Son nom vient de "lux", "lumière". Sans conteste, Mélusine est apparentée aux anciennes déesses-mères.

    Ces figures féminines animalisées ont été combattues durant des siècles. En réalité, les hommes luttaient ainsi contre leur peur de la femme, de sa domination sur eux et des aspects d'elles qui leur échappaient. 

    Cette légende de la Fée Mélusine naît donc dans un contexte où l’image de la femme est très dévalorisée sous l’influence du christianisme, et où les fées elles-mêmes ont été diabolisées et considérées comme des sorcières.

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