altérité

  • "La rosière et le menhir" - Fiction

     

    LA ROSIÈRE ET LE MENHIR - FICTION

     

    "Je me sens si fragile, je ne suis qu’un de ces frêles roseaux qui penchent la tête vers la rivière, dit-elle.

    - Et moi, je suis dur et inflexible, une pierre érigée en cette terre depuis des siècles, répondit-il.

    - Peut-être y a-t-il en moi tout de même  un peu de force?

    - Et en moi un peu de douceur et d’abandon?

    - Comment savoir? N’aimerais-tu pas, toi…

    - Si, la coupa-t-il sèchement, j’aimerais parfois être roseau, flexible, souple, me livrant au vent et aux caprices de la nature, mais je ne sais pas ce que c’est.

    - Tout comme j’ignore tout de la pierre dure qui jamais ne casse, jamais ne se brise, indéracinable…

    - Toi aussi, tu l’es à ta manière, indéracinable! l’interrompit-il brusquement.

    - Peut-être, répondit-elle vaguement, mais n’oublie pas que l’on a taillé tant de flûtes dans mes rameaux que j’ai l’impression d’avoir voyagé dans le vaste monde et qu’une parcelle de moi réside partout.

    - Oui, maugréa-t-il maussade, alors qu’on n’a pas voulu de moi: je ne suis pas taillable! ont-ils prétendu.

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  • Enigme du couple: Reconnaître l'homme maudit - "La belle et la bête"

    Femme sculpture bête dans nuit

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "LA BELLE ET LA BÊTE" (d’après le conte de Mme de Villeneuve)

     

    La "Belle et la Bête" illustre remarquablement la rencontre avec l’autre, l’altérité, la différence, ainsi que la rédemption mutuelle du couple, après une longue maturation de l’un et de l’autre. La Belle et la Bête ont des problèmes similaires qu’ils doivent conscientiser et assumer avant de pouvoir s’unir. C’est pourquoi ils ont besoin l’un de l’autre.

    La version de Mme de Villeneuve, publiée en 1740, est la plus complète, la plus passionnante et la plus riche, car elle raconte l’enfance de la Bête avec discernement et justesse. Elle élabore une origine psychologiquement cohérente de la malédiction de la Bête. 

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  • Enigme du couple: Libération de l'homme-lion - "L'alouette chanteuse et sauteuse"

    Femme et colombe dans l'obscurité

     

    ÉLÉMENTS D’ANALYSE DE "L’ALOUETTE CHANTEUSE ET SAUTEUSE" (conte de Grimm)

     

    Il existe de nombreuses variantes plus ou moins complexes et originales du conte "La belle et la bête": celui-ci en est une. 

    La rencontre entre des couples opposés comme "la belle" et "la bête" est un thème universel, remontant à la mythologie antique.

    Ces contes posent le problème du couple et de l’union entre le féminin et le masculin. Mais contrairement à la "Belle" de la version classique de base qui se contente d’accepter la "Bête" de manière passive, les femmes des autres versions sont plus actives et combattives, ayant déjà intégré un masculin positif. 

    Cela leur permet d’aider l’homme animalisé à se libérer et à trouver son identité masculine perdue ou pervertie à la suite d’une malédiction. Elles sont pour l’homme des femmes-guides autonomes et libératrices.

    Précisons que chaque conte met en exergue une situation singulière: chaque solution, chaque parcours de délivrance et chaque dénouement y est unique.

    C’est cette singularité qui permet de déceler dans chaque conte une destinée propre, ou le symbole d’un être humain unique, avec sa psyché personnelle, ses problèmes, ses conflits, ses manques et son aspiration à se réaliser.

    Malgré leur essence archétypique et universelle, les contes nous révèlent le moyen de nous libérer et nous réaliser dans des circonstances particulières. Car ils constituent une sorte de réservoir infini où l’on peut puiser une intelligence profonde de la vie, la manière juste d’agir pour résoudre un problème ou affronter une épreuve précise. 

    Dans le conte "L’alouette chanteuse et sauteuse", la "Belle" ne doit pas se contenter d’accepter et d’aimer "la Bête" et de se détacher de son père. Elle doit de surcroît s’engager dans un chemin initiatique semé d’embûches pour retrouver l’homme qu’elle aime et le libérer définitivement, un chemin qui va la mener très loin et très haut.

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